WILLIAM WALLACE, GARDIEN DU TEMPLE (2024)

Depuis que le personnage a été popularisé par Mel Gibson dans le film Braveheart (1995), William Wallace est devenu une des incarnations du combat des peuples pour leur liberté. À la fin du XIIIe siècle, l'Écosse est passée sous la coupe du roi d'Angleterre Édouard Ier. C'est lui qui, en 1292, alors que le trône écossais est vacant, arbitre les deux descendants du roi David Ier (1124-1153) qui se disputent la succession : Robert Bruce et John Balliol. Le roi d'Angleterre choisit John Balliol. En contrepartie, celui-ci lui prête serment de fidélité et le reconnaît comme son suzerain. Le pays du Chardon devient ainsi un royaume vassal. Ce n'est que dans un second temps que Balliol est intronisé à Scone, selon le rite suivi par ses prédécesseurs.

Édouard Ier aurait pu se contenter d'une situation qui confortait sa position hégémonique dans les îles Britanniques. Depuis le XIIe siècle, une partie de l'Irlande était occupée par les Anglais, qui, au prix de campagnes répétées, avaient fini par soumettre le pays de Galles dans les années 1280. Mais le roi d'Angleterre en veut plus. Toujours plus. Son attitude envers John Balliol est rude, voire humiliante. Résultat : en 1295, excédé, l'Écossais conclut un traité d'alliance avec Philippe le Bel. Or, sur le continent, le souverain français est entré en guerre contre le roi d'Angleterre, qui est aussi duc d'Aquitaine... En s'alliant avec Philippe, Balliol rompt de façon spectaculaire avec Édouard Ier. Au début de 1296, il va jusqu'à désavouer solennellement l'hommage qu'il lui a prêté en 1292. En représailles, le monarque anglais envahit l'Écosse et soumet son ennemi à l'été 1296.

UNE ROYAUTÉ DÉPOUILLÉE

Après avoir été publiquement dépouillé des insignes de la royauté, celui-ci est expédié, avec son fils, à la Tour de Londres. Édouard Ier parachève sa victoire en faisant transporter dans la capitale anglaise tous les symboles de la royauté écossaise : les instruments du sacre (couronne et sceptre), les archives, les reliques, et même la « pierre du Destin » (lire p. 56-57), qui est acheminée à l'abbaye de Westminster, où sont couronnés et enterrés les souverains anglais.

Dans l'Écosse soumise désormais à un « gardien », nommé par le roi Édouard, des troubles commencent bientôt à se produire. Les garnisons, trop peu nombreuses, ne tiennent que les principaux châteaux et les grandes villes, comme Édimbourg. Au printemps 1297, un jeune homme charismatique prend la tête de la rébellion : William Wallace. Ce n'est ni un seigneur ni même un chevalier, mais le fils cadet d'un riche paysan, né vers 1270. Son premier fait d'armes est le meurtre du sheriff, le représentant du roi d'Angleterre, de la circonscription de Lanark. Il s'agit peut-être, au départ, d'une affaire privée, dans laquelle le sheriff disputait le coeur d'une jeune fille à William. Mais l'assassinat de l'officier anglais est le signal d'une révolte qui gagne bientôt une grande partie de l'Écosse et à laquelle se rallient certains évêques et de nombreux nobles, y compris la famille Bruce, qui jusque-là s'était rangée du côté d'Édouard Ier. Les petites garnisons anglaises, harcelées, sont cantonnées dans leurs châteaux, dont elles ne peuvent sortir sans risquer d'être massacrées.

AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE

Le gardien nommé par Édouard Ier, John de Warenne, comte de Surrey, n'entend pas laisser la situation lui échapper. Avec des renforts venus d'Angleterre, il réunit une vaste armée. Au début du mois de septembre, John de Warenne prend William Wallace au piège près du château de Stirling. L'enjeu de la bataille est le pont qui traverse le fleuve Forth, que Wallace doit impérativement passer pour rejoindre ses bases, à l'ouest. Les Anglais, établis sur la rive droite, barrent la route de Wallace, campé sur la rive opposée. Les deux armées sont de nature différente. Du côté anglais, l'élément principal est formé par une forte cavalerie lourde, composée de chevaliers et d'hommes d'armes, appuyée par une infanterie nombreuse, mais dont le rôle demeure subalterne. Malgré le ralliement de plusieurs nobles, les rangs écossais comptent principalement des fantassins. Les chevaliers anglais méprisent leurs adversaires, qu'ils tiennent pour des demi-barbares.

Le 11 septembre, sûrs d'en finir rapidement, ils s'élancent. Mais le pont est étroit ; les Écossais contre-attaquent avant que toute la cavalerie anglaise ne soit passée de l'autre côté. C'est un massacre. La victoire inattendue des Écossais fait basculer les indécis. Bientôt, l'essentiel du royaume est libéré du joug anglais. Wallace est fait chevalier par Robert Bruce et promu gardien du royaume d'Écosse : il est ainsi censé gouverner au nom de John Balliol, toujours prisonnier à Londres.

Édouard Ier, toutefois, n'a pas dit son dernier mot. En 1297, il était occupé à soutenir son allié le comte de Flandre, Gui de Dampierre, révolté contre Philippe le Bel. L'année suivante, aussitôt revenu en Angleterre, il prépare une expédition de représailles. À l'été 1298, il reprend le terrain perdu. Le 22 juillet, les Écossais sont écrasés à la bataille de Falkirk. Pour la première fois, les archers ont joué un rôle fondamental : les flèches qu'ils décochent par nuées préparent la charge de la cavalerie lourde, qui disloque facilement le dispositif adverse. Après cette brève épopée, qui ne dure guère plus d'un an, Wallace abandonne le titre de gardien du royaume, confié à une commission composée de plusieurs barons et d'un prélat, et se réfugie en France, où il passe plusieurs années.

En 1303, il revient en Écosse. La situation a alors bien changé. Profitant des dissensions entre les grands seigneurs, Édouard a rétabli son hégémonie, d'autant plus facilement que la paix conclue avec le roi de France en mai 1303 lui laisse les mains libres. Trahi et livré aux Anglais, William Wallace est condamné à mort. Son exécution est destinée à marquer les esprits : il est châtré et éviscéré vivant. Ses bras et ses jambes, détachés du corps, sont exposés dans quatre villes du nord de l'Angleterre et d'Écosse ; sa tête est placée au bout d'une pique sur le principal pont de Londres. L'acharnement des Anglais a eu l'effet inverse de celui qu'ils espéraient. Encore aujourd'hui, la figure de William Wallace demeure une incarnation très populaire du sentiment national écossais.

WILLIAM WALLACE,  GARDIEN DU TEMPLE (2024)

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